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14/6/2022

Trouver du “Sens”, c’est une quête que mènent activement les 25-35 ans : ils ont fini leurs études, ont commencé à travailler, et subissent cette fameuse crise existentielle. Celle qui amène à se questionner sur notre rôle dans la société, notre impact positif ou négatif sur celle-ci, la cohérence entre nos valeurs et nos missions professionnelles. Cette remise en question peut mener à un constat : nous effectuons bien souvent dans notre travail des tâches inutiles et superficielles. Sont-elles pour autant vides de sens ? Peut-on s’épanouir dans ces conditions ? Faut-il tout plaquer ?

Tout d'abord, rassurez-vous, vous n'êtes pas seuls à vous poser ces questions. Une grande partie des salariés de la finance, du marketing ou du secteur de l'information sont aujourd'hui convaincus d'occuper des emplois inutiles. On les appelle aussi "bullshit jobs" selon l'expression consacrée par David Graeber, anthropologue et professeur de la London School of Economics, qui a mis en lumière le phénomène en 2013. Sa théorie ? La vaste majorité des travailleurs de bureau sont amenés à dédier leur vie à des tâches inutiles et sans réel intérêt pour la société, mais qui permettent malgré tout de maintenir de l'emploi. Comme si, quelqu'un, quelque part, avait décidé de créer plein d'emplois inutiles pour garder tout le monde occupé.

Occupez-vous un "emploi à la con" ?

Comment savoir si vous occupez un bullshit job ? La méthode de Graeber est la suivante : imaginez la disparition de votre emploi et évaluez l'impact que cela pourrait avoir sur la société. Plutôt facile en ce moment : regardez quels types d'emploi ont été jugés nécessaire à la continuité de notre pays en ces temps de confinement, et quelles activités sont suspendues sans impact crucial sur notre quotidien.

Il est vrai que nous avons créé au fil des siècles des emplois qui sont complètement déconnectés du réel : sans impact concret, visible et tangible. C'est cette aliénation qui touche de plein fouet les Millennials en poste : comment se sentir bien, comment trouver du sens à ce que l'on fait chaque jour, lorsque rien de tout cela n'est essentiel ni utile.

Résultat, on voit des histoires de reconversion fleurir de tout côté : des anciens marketeurs qui partent ouvrir une maison d'hôte en Auvergne, un ancien lobbyiste devenu agriculteur… Nous avons créé une génération complètement paumée : entre ce que requiert la société, et ce qui nous apporte réellement de l'épanouissement personnel.

On a d'abord cherché à savoir : comment définir le sens dans le travail ? Pour nous aider nous avons interrogé plusieurs personnes, touchées de près par cette problématique. On leur a posé une même question : c'est quoi, le sens dans le travail ?

La réponse d'Alice (Tudigo)

Alice a choisi de quitter son job en grand groupe pour se lancer dans l'entrepreneuriat, afin d'aligner ses aspirations personnelles et professionnelles. Son engagement : aider à développer le lien social à l'échelle locale. Elle a d'abord créé un réseau social de voisinage, et au fil des rencontres elle a rejoint l'aventure Tudigo, une plateforme de crowdfunding de projets locaux.

Selon elle, un travail a du sens lorsque que l'on participe à quelque chose qui est important pour soi et à un modèle de société auquel on croit. Ca se traduit notamment par le fait de travailler pour une entreprise qui s'accorde avec nos valeurs et nos convictions personnelles.

La réponse d'Aurore (paumé.e.s)

Aurore, après des années à se sentir paumée, a trouvé son sens en rejoignant makesense, une association qui rassemble citoyens, entrepreneurs et organisations pour résoudre des défis sociaux et environnementaux. Elle a surtout créé paumé.e.s : un site pour guider les personnes paumées dans leur travail, mais aussi dans leur vie personnelle, grâce à un groupe d'entraide, des événements et un podcast. Son but n'est pas d'apporter des réponses concrètes à ceux qui se posent des questions, mais de les amener à creuser en eux pour trouver leur sens.

Selon Aurore, se poser la question du sens est avant tout une chance, car tout le monde n'a pas le luxe de décider. Elle a constaté que cette quête de sens se traduit d'abord par une envie de ralentir, avec l'idée que le travail - surtout si il n'a pas de sens - ne doit pas être central dans la vie. Ensuite, par une volonté de s'orienter vers des métiers à impact. Les jeunes qu'elle accompagne veulent que leur travail serve une cause. Enfin, par une envie de trouver un équilibre avec la nature, une volonté d'être plus proche du vivant.

La réponse de Léo (Léo Sans Pipo)

Léo, passionné par le recrutement, est régulièrement au contact de jeunes qui ne savent pas comment trouver leur place dans le monde professionnel. Il a constaté que les ressources existantes étaient inadaptées, et envoyaient les candidats dans la mauvaise direction. Il a souhaité déconstruire les tabous en créant Sans Pipo, un podcast qui souhaite offrir des (bonnes) ressources aux jeunes, nécessaires pour réussir leur insertion professionnelle.

Selon Léo, les gens vont souvent chercher leur sens trop loin. Le plus important consiste à trouver un équilibre de vie. Il s'inspire de l'ikigaï, un concept japonais qui aide à identifier le sens que l'on veut donner à sa vie en se basant sur quatre composantes :

  • ce que j'aime faire
  • ce dans quoi je suis doué
  • ce dont le monde a besoin
  • ce pour quoi je peux être payé.

C'est un bon point de départ, surtout lorsque l'on débute sur le marché du travail. Selon Léo, il est donc nécessaire de savoir se poser les bonnes questions dès le départ, et de ne pas se mentir à soi même.

Comment s'épanouir au travail quand on ne trouve pas de sens

En lisant ces quelques lignes vous réalisez que votre travail n'a pas de sens ? Cette brusque réalisation vous donne envie de tout quitter. Pas si vite ! On a posé une autre question à nos interlocuteurs : tout plaquer, est-ce la solution ?

Alice : "On peut trouver du sens même en grand groupe."

Bien qu'Alice ait quitté son ancien job pour se lancer dans l'entrepreneuriat, elle a néanmoins pris énormément de précautions. Elle est restée en poste plus de six mois pour faire germer son projet à côté, elle a parlé avec énormément d'interlocuteurs et a participé à des startup weekends pour pitcher son projet… Ne pas se précipiter, c'est la clé.

Selon elle on peut même trouver du sens en grand groupe, cela de trois façon :

  • A travers une organisation qui remet l'autonomie et la responsabilité au coeur de l'entreprise. Il s'agit de remettre l'initiative aux mains de collaborateurs et non plus simplement l'exécution, afin qu'ils aient un véritable impact sur l'entreprise.
  • Par la formation des équipes à l'intrapreneuriat : cela permet aux collaborateurs de révéler leurs talents.
  • Repenser la mission de l'entreprise: aujourd'hui c'est véritable fierté de travailler pour une entreprise alignée avec nos valeurs. Une façon de garder des collaborateurs engagées est de savoir adapter la mission de son entreprise : par exemple certaines enseignes de grandes distribution se mettent à travailler le vrac.

Si on a vraiment envie de tout plaquer, il faut prendre le temps de faire un état de lieu sur soi même, afin de découvrir nos zones de talents. Pour ensuite trouver des missions qui sont en accord avec celles-ci.

Aurore : "Le sens peut se trouver ailleurs."

Pour Aurore, en premier lieu, il faut constamment essayer de détecter ce que l'on aime, pour aligner ces intérêts avec ce que l'on fait professionnellement. Bien évidemment ce n'est pas toujours évident, le marché de l'emploi n'étant pas toujours propice à faire des choix.

Même lorsqu'on a envie de tout plaquer, ce n'est pas forcément la solution (sauf si on est en souffrance bien sûr). Pourquoi ? Parce que le sens peut être ailleurs. Selon Aurore on peut trouver du sens dans la finalité de son travail mais aussi dans les interactions avec ses collègues, dans les missions au jour le jour même si la mission globale de l'entreprise ne nous séduit pas ou plus. On peut également trouver du sens dans son travail grâce à un mouvement en interne dans l'entreprise.

Léo : "Tout plaquer oui, si la volonté et l'entourage sont présents."

Pour Léo, si on peut, il ne faut pas hésiter à tout plaquer. Mais pour cela il faut être conscient de sa valeur, de ce que l'on a à offrir, et ne pas hésiter à tester avant de voir ce qui nous plaît vraiment. Se lancer trop rapidement dans des démarches radicales est peu pertinent, voire dangereux. Il faut commencer par se poser des objectifs à court terme et atteignables.

Il est néanmoins nécessaire d'avoir plusieurs choses avec soi lorsqu'on veut tout plaquer. D'abord, un entourage sur qui on peut compter. Bien qu'avoir trop d'attaches peut parfois freiner l'envie de se lancer, être entouré et accompagné par ses proches est essentiel pour changer de voie professionnelle.

Surtout, il faut une volonté d'apprendre des choses. Pour Léo, avec une simple connexion internet, on peut faire tout ce que l'on veut, donc se lancer dans ce que l'on veut. Il accuse le syndrome de l'imposteur, qui empêche d'essayer de nouvelles choses. Il faut faire tomber ces barrières, et surtout oser.

La quête de sens n'est donc pas vaine ! Prenez du temps pour réfléchir à ce que vous voulez vraiment, et si tous les compteurs sont au vert : lancez vous.

Si vous souhaitez changer de vie, ou tout du moins d'emploi, nous avons plein d'offres à vous proposer !

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